EST-CE QUE VOUS savoureZ la mort de Christ ?

ZOOM SUR CONTEMPLEZ LE PRIX

23/02/24 - Naomi Pilgrem

« Contempler » : regarder avec admiration, savourer du regard (quelle belle définition !).

Quand avez-vous contemplé quelque chose ou quelqu’un pour la dernière fois?

Il y a tant d’obstacles à la contemplation, de nos jours : le fait de vivre dans une société qui préfère la nouveauté, le flot d’informations et de divertissements qui assaillent nos sens via nos smartphones… 

Un autre obstacle à la contemplation : la familiarité. Quand on fait le même circuit chaque jour pour aller au travail ou au supermarché, l’esprit rempli de préoccupations, on en arrive à ne plus remarquer ce qui nous entoure, à ne plus vraiment le voir. Ainsi, récemment, j’ai découvert une porte de maison sculptée et ornée de manière extravagante, alors que j’étais passée devant le bâtiment des centaines de fois- et je me suis arrêtée pour la contempler, la faire remarquer à mes enfants.

Ce qui est vrai en ce qui concerne notre environnement géographique, l’est aussi en ce qui concerne les éléments de notre foi, et même notre Dieu. Nous avons une certaine familiarité avec les Écritures qui nous les révèlent, et nous en perdons la faculté de vraiment voir, de contempler et « savourer du regard » ! C’est peut-être particulièrement le cas pour la mort et la résurrection de Jésus - c’est la base, on l’a entendu des centaines de fois, on est blasé...

D’ailleurs, les récits que font les évangiles de ces événements sont très sobres, somme toute, très peu fournis en termes de détails - et pour vraiment prendre le temps de les contempler, l’imagination nous fait peut-être défaut. C’est là que la poésie vient nous aider, que la musique du langage et la vivacité des images viennent donner vie au récit familier.

UN APERÇU DE CONTEMPLEZ LE PRIX

Avec le chant Contemplez le prix, nous avons voulu suivre Jésus sur le chemin qui le menait à la croix, nous imaginer à ses côtés, avec le chant d’Esaïe 53 dans les oreilles. Une image en noir et blanc que le prophète vient transformer en envoyant ses mots percer nos cœurs comme autant de flèches.

Esaïe 53 est certainement l’un des plus beaux passages des Écritures, et c’est alors que mes enfants et moi avions pris le temps de l’apprendre par cœur (ce qui est d’ailleurs, me dit-on, une excellente façon de savourer  et méditer un texte biblique !) que l’idée nous est venue d’écrire un chant inspiré de ce texte. Et le récit de la passion de l’évangile de Marc a fourni la clé pour retracer les étapes de ce calvaire et donner une forme au chant.

Le refrain nous invite donc à contempler la mort de Christ, à la « savourer des yeux ». N’est-ce pas plutôt morbide? Pas si on le fait en vue de saisir la portée de ce que ce sacrifice a accompli, ce qu’Esaïe 53 nous permet de faire de manière si profonde et belle. Le chant ne fait donc pas que narrer les événements, mais les interprète aussi en répondant au pourquoi suscité par les événements : Christ s’est dépouillé pour chercher ses brebis errantes, il s’est chargé de nos péchés pour en payer la pénalité et ainsi nous l’épargner, et il a été abandonné par le Père pour que sa juste colère soit détournée de nous, qui la méritions pleinement. Par ses blessures, nous sommes guéris… ces vérités sont si sublimes qu’il faut les savourer! 

Le premier jet de la mélodie a été le fruit d’un isolement forcé de mon mari Johnny, atteint de Covid alors qu’on procédait encore à des quarantaines : la providence divine l’a forcé à s’arrêter et prendre sa guitare pour composer la mélodie et me permettre de trouver la forme finale des paroles. Et puis, comme à notre habitude, le collectif s’est mis en route et Adrian et Fiona ont pu sublimer nos efforts pour aboutir à ce chant.

COMMENT UTILISER CONTEMPLEZ LE PRIX DANS L’ÉGLISE ?

Bien sûr, c’est la « pleine saison » pour ce chant, alors que nous nous acheminons vers la célébration de Pâques, mais dans notre église, on le chante toute l’année. La mélodie se prête à la contemplation - on l’a chanté récemment lors d’une conférence, en réponse au message, et c’était poignant. Si votre église a de bons musiciens, il pourrait éventuellement faire l’objet d’un solo, pour permettre à l’assemblée de méditer, mais il est aussi puissant à chanter tous ensemble, peut être aussi au moment de la sainte Cène.

Quel impact, si nous « savourons des yeux » la mort de Christ? Martin Luther nous l’explique ainsi :

« Celui qui médite ainsi sur les souffrances de Dieu pendant un jour, une heure, voire un quart d'heure, nous voulons dire librement et publiquement que c'est mieux que s'il jeûnait toute une année, priait le psautier tous les jours, voire qu'il entendait cent messes. En effet, une telle méditation change le caractère de l'homme et, presque comme dans le baptême, il naît de nouveau, à nouveau. La souffrance du Christ accomplit alors son œuvre véritable, naturelle et noble, elle tue le vieil Adam, bannit toute convoitise, tout plaisir et toute sécurité que l'on peut obtenir des créatures de Dieu, tout comme le Christ a été abandonné de tous, même de Dieu ». (Sermon publié en 1519, intitulé Vendredi saint. Un sermon sur la façon de contempler les saintes souffrances du Christ.)

Plutôt inspirant, n’est-ce pas? Que ce chant nous aide donc à contempler la mort de Christ, à en mesurer l’impact, à en savourer les fruits, à adorer d’autant plus notre Sauveur humilié et glorieux.

Cet article fait partie d’un blog à propos de notre deuxième album, intitulé Zoom sur Contemplez Christ.